Beyrouth face au monstre

Beirut, facing the monstER

Le 4 août 2020, l’explosion au port de Beyrouth fait 220 victimes, en blesse 6’500 et laisse 300'000 personnes sans logement. L’un des quartiers les plus sévèrement touché est Achrafieh, où vit ma mère. C’est le lieu où j’ai passé la plus grande partie de mon temps au Liban, passant des heures à regarder et filmer la ville depuis notre balcon.

 Je me suis rendu à Beyrouth trois jours après l’explosion. Être témoin de l’ampleur de la destruction, des amis blessés et du décès de connaissances et de voisins était bouleversant.

Je me suis à nouveau rendu au Liban en octobre 2020. À mesure que je découvrais les histoires des résidents d’Achrafieh, il m’a semblé crucial de les enregistrer. Je voulais garder une trace de ce qui s’était passé, et de la façon dont les Beyrouthins vivaient l’après-coup. Je suis rentré à Paris avec des heures d’enregistrements.   

De retour en Europe, j’ai réalisé à quel point les journaux n’en avaient que pour le sensationnalisme (l’explosion, la destruction) tandis que la plupart des documentaires avaient tendance à adopter une approche misérabiliste dans leur représentation des Libanais. Même si ces points de vues sont justifiables, j’avais l’impression que personne ne s’intéressait vraiment à ce que le Libanais ‘moyen’ était en train de vivre.

Lorsque j’ai retrouvé d’anciens films de Achrafieh que j’avais filmés en septembre 2019, j’ai décidé de les combiner avec les enregistrements afin de créer ce court documentaire. Mon intention était de rester aussi loin que possible du sensationnalisme ou misérabilisme et de simplement montrer les questions et sentiments qui traversaient les Libanais à ce moment-là : nostalgie, culpabilité, incertitude, mais aussi une envie de donner un sens ce qui s’était passé afin d’aller de l’avant.

Plus que tout, je voulais rendre honneur aux Libanais. Malgré tout ce qu’ils avaient traversé, ils refusaient de se lamenter sur leur sort et trouvaient la force et le courage de se reconstruire.

On August 4th 2020, the Beirut port explosion killed 220 people, injured 6’500, and left 300’00 without a home. One of the most severely damaged neighbourhoods was Achrafieh, where my mother lives. Achrafieh is where I have spent most of my time in Lebanon, often spending hours watching and filming the city from our balcony.

I was able to get to Beirut three days after the blast. Witnessing the destruction, seeing friends’ injuries and learning about the passing of neighbours and acquaintances was devastating.

In October 2020 I returned to Lebanon once again. Talking to residents in Achrafieh, I felt it crucial to record their stories . I wanted to keep a trace of what had happened, and how people were dealing with the aftermath. I returned to Paris with hours of recordings.

Back in Europe, I realised how news outlets only focused on the sensational (the explosion, the destruction), and how most documentaries had a tendency to adopt a very miserabilist stance in their depiction of the Lebanese. Though these viewpoints are valid, it seemed to me as though no one was actually interested in what the ‘average’ Lebanese was actually going through.

When I found footage I had filmed of Achrafieh (back in September 2019), I decided to combine it with the testimonies I had recorded and make this short documentary. I wanted to steer clear from sensationalism or miserabilism and simply shed a light on what questions and feelings were running through people’s minds: nostalgia, guilt and uncertainty, but also a will to try and find a way to make sense of what had happened in order to move on.

Mostly, I wanted to celebrate the Lebanese. Despite everything that happened to them, they refused to bemoan their fate and somehow found the strength and courage to start rebuilding their lives.